Dimanche 13 mai 2018

7ème Dimanche de Pâques, B

Edito

« Témoins de la Résurrection du Seigneur ! »

En ce dimanche entre l’Ascension du Seigneur et la Pentecôte, nous avons entendu la grande prière que Jésus, le soir de la dernière Cène, adresse à son Père pour que ses disciples présents et futurs soient des témoins de sa Résurrection.

La prière de Jésus est parfaitement accordée à la volonté du Père, mais il est important que ses demandes soient connues des disciples. L’Evangile nous en donne trois pour que nous soyons  « comblés de sa joie », celle d’aimer et d’être aimés par le Père :

1) « Garde mes disciples unis dans ton nom ». Nous avons en mémoire, dans l’enseignement de Jésus, l’image de la vigne et des sarments : « Moi, je suis la vigne et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire ». (Jn 15,5)

Jésus demande au Père que ses disciples soient configurés à lui, unis à lui, de cette communion qu’il vit avec le Père, dans la fidélité parfaite qui le conduit à la Passion. Un peu plus loin dans sa prière Jésus dira : « Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé ». (Jn 17,21) Comment être témoins dans le monde de la Trinité d’amour si tous ceux qui l’invoquent ne s’aiment pas entre eux ?

2) « Garde-les du Mauvais ». Cette demande rappelle la prière du Notre Père : « Ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du Mal ». Comme lui, ses disciples subiront des persécutions en annonçant un Evangile en contradiction avec l’esprit du monde. Aussi, Jésus demande au Père de les préserver du Mauvais, de ne pas les laisser se perdre dans des compromissions, afin que l’Evangile demeure intact et qu’aucune erreur ou mensonge n’entache son message.

3) « Sanctifie-les dans la vérité : ta Parole est vérité ». Jésus, le Verbe de Dieu, sa Parole en Personne, conduit vers le Père : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité, et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi ». (Jn 14,6) Aussi, la sanctification des disciples résulte de celle de Jésus : « Pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient eux aussi, sanctifiés dans la vérité ».

Le pape François rappelle dans son Exhortation Apostolique « La joie et l’allégresse » que le Seigneur appelle à la Sainteté, c’est-à-dire à être le reflet de sa Présence (n°7), « chacun d’entre nous, chacun dans sa route, une sainteté dont la perfection est celle même du Père ». (n°10)

Et, c’est en « nous aimant les uns les autres », et en « proclamant que Jésus est le Fils de Dieu », que la Présence de Dieu sera visible. Comme l’écrit Saint Jean : « Dieu est amour : qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui ». (Deuxième lecture)

Saint Luc raconte dans les Actes des Apôtres la naissance de l’Eglise de Dieu. (Première lecture) Dans l’attente de la venue de l’Esprit Saint promis par le Maître (Ac 1,8), les disciples sont unis dans la prière et rassemblés autour des Onze, avec quelques femmes et des frères. (Ac 1,14)

Pierre propose de nommer un successeur à Judas pour rétablir dans son intégralité le groupe des douze Apôtres dans la continuité des douze tribus d’Israël. « Douze » est un chiffre de plénitude qui symbolise par avance l’appel de l’humanité tout entière à rejoindre le Peuple de l’Alliance. Le nouvel Apôtre doit avoir connu le Christ et pouvoir témoigner, comme Joseph et Matthias, de sa Résurrection.

Plutôt que d’une désignation par l’assemblée, il s’agit d’un choix de Dieu accueilli par tous, comme le laisse deviner l’utilisation du tirage au sort. Cette pratique de l’Ancienne Alliance (1Ch 25,8-9 ; 26,13-14) ne réapparaîtra plus dans l’histoire de l’Eglise.

Les Actes ne reparleront plus de Matthias, l’important ce n’est pas son ministère propre, mais son appartenance au groupe des douze Apôtres, socle de l’Eglise qui va naître à la Pentecôte.

De cette Eglise vivante qui a traversé les siècles, nous sommes aujourd’hui les témoins dans la foi de la Résurrection du Christ que nous célébrons à chaque Eucharistie : « Je suis la résurrection et la vie ; celui qui croit en moi, même s’il meurt vivra ». (Jn 11,27) Amen !

 

Père Patrice Pellen